L’Islam et la dérive de l’Occident

Depuis le premier jour de la Révélation faite au Prophète, l’ordre qui lui aété donné est resté invariablement le même : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé. » (96,1) C’est à dire : Recherche le savoir. Tiens ouvert devant tes yeux le double Livre de la Révélation et de la création. Observe comment Dieu t’a façonné de peu de choses, et que cette connaissance ne te conduises pas à dépasser tes limites. Qu’elle ne t’amène pas à détruire ton berceau naturel. Qu’elle ne te pousse pas à exploiter tes frères et à exacerber tes sens. Recherche la connaissance, oui, mais fais-le au nom de Dieu. C’est ainsi seulement que la sagesse te permettra de rester maîtres des pouvoirs incommensurables que la science mettra entre tes mains. Depuis le premier jour de la Révélation, était établi ainsi le lien indispensable qui unit le ciel et la terre, la sagesse et la raison. C’est pour l’avoir rompu que l’Occident est aujourd’hui en crise, offrant aux gens les raffinements de ses diverses technologies, mais sombrant dans mais désordre moral et l’absence de spiritualité. Perdant de vue le sens ultime de la vie, et se livrant au culte de la matière et des fausses idoles. Consommant de façon outrancière les plaisirs de la vie, et exploitant de façon cachée la misère du monde. C’est pour cette raison que le Xxè siècle aura été celui de la barbarie et des génocides sans nom. Face à cette dérive, l’islam comprend un projet réel qui, s’il était compris, pourrait bien nous engager, au-delà des préjugés, sur des voies riches et inexplorées, conciliant la spiritualité et la modernité. Plusieurs siècles d’histoire, allant du cartésianisme à la laïcité, en passant par les Lumières, ont permis de forger au cours du temps un esprit nouveau, qui s’est caractérisé par l’antagonisme de la foi et de la raison, de la science et de la religion, ou encore des pouvoirs spirituel et temporel. Dans le cadre de la modernité, se sont imposés à la conscience humaine des concepts irréductibles dont la fonction est de souligner l’opposition qui s’inscrit entre le passé et les promesses du futur. Quoi de plus naturel que de rejeter le fanatisme et l’intégrisme, ou le fondamentalisme et le totalitarisme, pour prôner l’humanisme et l’œuvre de la raison libre, ou la réflexion critique et le libéralisme ? Quoi de plus naturel que de défendre la démocratie contre toutes les formes de théocraties ou de monarchies ? Et peut-on douter un instant que les lois positives humaines soient plus efficaces et applicables que celles inscrites dans les livres sacrés et prétendument divins ?